Roland MT-32
Posté : 22 mai 2023 08:57
À tout seigneur tout honneur, laissez-moi vous présenter aujourd'hui un appareil absolument mythique, et de loin mon matériel rétro préféré, le Roland MT-32.
Le Roland MT-32 dans toute sa splendeur (source photo PixelatedArcade)
De gauche à droite (source photo PixelatedArcade) :
Le panneau d'affichage (source photo PixelatedArcade)
Le panneau de contrôle (source photo PixelatedArcade)
Si vous avez lu mon article d'introduction à l'évolution du son sur nos chères machines (ici), vous aurez déjà une information sur ce qu'est le MIDI (pour Musical Instrument Digital Interface). Pour résumer de façon succincte et très simpliste, le MIDI est une série d'instructions envoyées à un appareil pour lui dire de jouer tel ou tel instrument sur tel ton, ou telle note si vous préférez. En effet, les appareils MIDI disposent en leur sein d'une banque de sons préenregistrés qu'ils reproduisent au fur et à mesure des instructions reçues, permettant ainsi de jouer un air de musique comme s'il était exécuté par un orchestre.
Roland, un spécialiste du son et des instruments de musique dont la réputation n'est plus à faire, a sorti cet appareil en 1987. Il dispose de 128 instruments et 30 percussions dans sa banque, a de 8 à 32 voies de polyphonie, et est entièrement programmable. À la base, il n'était pas conçu pour les PC, mais pour les musiciens. Ceux-ci pouvaient y connecter un synthétiseur par exemple, et profiter de sa banque de sons pour composer leurs morceaux musicaux.
Les Atari ST disposaient directement de prises MIDI (au format DIN 5 broches), et ont rapidement conquis le monde de la musique vu leurs capacités sonores. En y branchant ce type d'appareils, il était facile de composer facilement de la musique avec des logiciels comme Cubase. Puis, je suppose, des développeurs qui en avaient assez des couinements du petit haut-parleur nasillard des PC ou de la synthèse FM proposée par les 1ères cartes son ont eu l'idée d'intégrer directement des musiques au format MIDI dans leurs jeux. Roland avait déjà commercialisé des adaptateurs et cartes diverses permettant de transmettre les signaux aux appareils dédiés, donc ils n'ont fait qu'utiliser ce qui existait. Et là, on entrait dans une autre dimension. Un petit exemple directement afin de vous faire comprendre la différence :
The Secret of Monkey Island, sorti 1990 de l'imagination débordante du studio LucasArts (anciennement Lucasfilm Games, branche jeux vidéo fondée par Georges Lucas himself en 1982), disposait d'une bande-son inoubliable. Jeu d'aventure Point'n'Click, il nous faisait diriger un héros assez cruche, Guybrush Threepwood, dont le rêve était de devenir pirate. La musique du générique reprenait des sonorités faisant immanquablement penser aux Caraïbes. En version synthèse FM sur AdLib ou Sound Blaster, ça donnait ça :
Je vous rappelle qu'on venait de simples bips ou d'horreurs nasillardes qui sortait d'un minuscule haut-parleur, voire même d'un simple buzzer. Donc, c'était déjà une évolution incroyable. Mais si on disposait d'un MT-32, on lançait l'exécutable MONKEY.EXE en rajoutant la lettre r pour lui signifier "j'ai un Roland, vas-y, fais-moi rêver !", et on basculait dans un tout autre univers:
Je ne sais pas vous, mais je peux vous assurer que pour moi, ça a été une autre révélation la 1ère fois de ma vie que j'ai entendu cette bande-son de cette manière. Et LucasArts a récidivé l'année suivante (1991) avec le 2ème volet des aventures de Guybrush, Monkey Island 2 : LeChuck's Revenge
On reconnait le thème du 1er, légèrement modifié, mais on sent que c'est plus maîtrisé, plus riche. Et tous les jeux LucasArts qui ont suivis ont pu bénéficier du savoir-faire de ce studio mythique. Comme dernier exemple, une musique que nous connaissons tous, le thème d'Indiana Jones, dans une aventure inédite (qui n'a rien à envier aux films d'un point de vue du scénario, croyez-moi sur parole), Indiana Jones and the Fate of Atlantis :
Je n'ai utilisé que des jeux du studio LucasArts pour illustrer mes propos, mais ils ne sont fort heureusement pas les seuls à avoir utiliser le MT-32 pour sonoriser leurs jeux. D'autres studios tout aussi mythiques tels que Sierra (les séries des King's Quest, des Leisure Suit Larry ou encore des Space Quest par exemple), Cryo (Dune), et bien d'autres ont également proposé de profiter pleinement de son MT-32 avec leurs jeux. Une liste assez complète de tous les jeux compatibles est disponible sur Vogons Wiki ou sur Wikipédia, mais celle-ci me semble nettement moins fiable.
La standardisation de la norme MIDI en General MIDI en 1991, et la sortie de nouveaux appareils répondant à cette norme a sonné la fin de la récréation pour le MT-32 qui pu enfin prendre une retraite bien méritée, non sans avoir encore été supporté dans pas mal de jeux sorti après 1991.
Roland a très bien compris l'intérêt de proposer des appareils clairement destinés aux ordinateurs plutôt qu'aux instruments de musique, et a sorti en 1989 une version plus simpliste du MT-32, le CM-32L :
ainsi qu'une carte au format ISA 8bit la même année, la LAPC-1 :
Particularité de cette dernière, elle intégrait également une interface MPU-401 permettant d'y brancher d'autres périphériques MIDI. Malheureusement, les prix demandés pour cette carte à l'heure actuelle sont tout bonnement délirants, et je ne l'ai pas dans ma collection. Mais je dispose fort heureusement de 2 MT-32, et d'un CM-32L, ceux-ci étant encore relativement abordable :
Un de mes MT-32 en pleine action sur un 486DX2-66 (Jeu mystère que je vous présenterai dans la section dédiée un de ces jours...) :
Si d'aventure vous vouliez profiter de vieux jeux avec une bande-son exceptionnelle, il n'est toutefois pas nécessaire de se ruiner en achetant ce type d'appareil. Le monde de l'émulation fait des merveilles avec des programmes comme ScummVM, ou même des forks de DOSBox comme DOSBox-X, voire 86Box que je vous ai présenté dans la section Émulation. Il est cependant nécessaire de leur fournir les ROM adéquates directement dumpées d'un MT-32 ou d'un CM-32L. Puis il y a un projet Open Source sur GitHub, mt32-pi, qui permet de faire tourner un MT-32 sur Raspberry Pi via l'adjonction d'un HAT. Et des ingénieurs géniaux comme mon copain Serge de chez Serdaco proposent directement à la vente des petits appareils basés sur mt32-pi justement, le MP32L qui est une version externe, ainsi que le WP32 McCake qui est une version carte fille qui s'insère directement sur le connecteur Wavetable d'une carte son. Et chacun dispose d'un écran OLED, soit sur le boîtier pour le MP32L, soit via une baie 3.5" ou 5.25" pour le WP32 McCake afin d'avoir la joie de disposer du panneau d'affichage, comme sur un vrai MT-32. Ils disposent également d'autres fonctions, mais on en reparlera plus tard dans un topic de présentation.
Maintenant, ressortez vos vieilles disquettes ou CD-ROM, récupérez les fichiers nécessaires tel que documenté par ScummVM, installer celui-ci, et profitez à fond des années 90 sur vos machines de bourgeois (sérieux quoi ! un i9-13900K et je fais tourner dessus des jeux qui demandaient un 386 à l'époque )
Le Roland MT-32 dans toute sa splendeur (source photo PixelatedArcade)
De gauche à droite (source photo PixelatedArcade) :
- Bouton power
- Prise d'alimentation
- Prise MIDI THRU
- Prise MIDI OUT
- Prise MIDI IN
- Sortie ligne canal droit
- Sortie ligne canal gauche (celui à utiliser si on disposait seulement d'une installation mono)
Le panneau d'affichage (source photo PixelatedArcade)
Le panneau de contrôle (source photo PixelatedArcade)
Si vous avez lu mon article d'introduction à l'évolution du son sur nos chères machines (ici), vous aurez déjà une information sur ce qu'est le MIDI (pour Musical Instrument Digital Interface). Pour résumer de façon succincte et très simpliste, le MIDI est une série d'instructions envoyées à un appareil pour lui dire de jouer tel ou tel instrument sur tel ton, ou telle note si vous préférez. En effet, les appareils MIDI disposent en leur sein d'une banque de sons préenregistrés qu'ils reproduisent au fur et à mesure des instructions reçues, permettant ainsi de jouer un air de musique comme s'il était exécuté par un orchestre.
Roland, un spécialiste du son et des instruments de musique dont la réputation n'est plus à faire, a sorti cet appareil en 1987. Il dispose de 128 instruments et 30 percussions dans sa banque, a de 8 à 32 voies de polyphonie, et est entièrement programmable. À la base, il n'était pas conçu pour les PC, mais pour les musiciens. Ceux-ci pouvaient y connecter un synthétiseur par exemple, et profiter de sa banque de sons pour composer leurs morceaux musicaux.
Les Atari ST disposaient directement de prises MIDI (au format DIN 5 broches), et ont rapidement conquis le monde de la musique vu leurs capacités sonores. En y branchant ce type d'appareils, il était facile de composer facilement de la musique avec des logiciels comme Cubase. Puis, je suppose, des développeurs qui en avaient assez des couinements du petit haut-parleur nasillard des PC ou de la synthèse FM proposée par les 1ères cartes son ont eu l'idée d'intégrer directement des musiques au format MIDI dans leurs jeux. Roland avait déjà commercialisé des adaptateurs et cartes diverses permettant de transmettre les signaux aux appareils dédiés, donc ils n'ont fait qu'utiliser ce qui existait. Et là, on entrait dans une autre dimension. Un petit exemple directement afin de vous faire comprendre la différence :
The Secret of Monkey Island, sorti 1990 de l'imagination débordante du studio LucasArts (anciennement Lucasfilm Games, branche jeux vidéo fondée par Georges Lucas himself en 1982), disposait d'une bande-son inoubliable. Jeu d'aventure Point'n'Click, il nous faisait diriger un héros assez cruche, Guybrush Threepwood, dont le rêve était de devenir pirate. La musique du générique reprenait des sonorités faisant immanquablement penser aux Caraïbes. En version synthèse FM sur AdLib ou Sound Blaster, ça donnait ça :
Je vous rappelle qu'on venait de simples bips ou d'horreurs nasillardes qui sortait d'un minuscule haut-parleur, voire même d'un simple buzzer. Donc, c'était déjà une évolution incroyable. Mais si on disposait d'un MT-32, on lançait l'exécutable MONKEY.EXE en rajoutant la lettre r pour lui signifier "j'ai un Roland, vas-y, fais-moi rêver !", et on basculait dans un tout autre univers:
Je ne sais pas vous, mais je peux vous assurer que pour moi, ça a été une autre révélation la 1ère fois de ma vie que j'ai entendu cette bande-son de cette manière. Et LucasArts a récidivé l'année suivante (1991) avec le 2ème volet des aventures de Guybrush, Monkey Island 2 : LeChuck's Revenge
On reconnait le thème du 1er, légèrement modifié, mais on sent que c'est plus maîtrisé, plus riche. Et tous les jeux LucasArts qui ont suivis ont pu bénéficier du savoir-faire de ce studio mythique. Comme dernier exemple, une musique que nous connaissons tous, le thème d'Indiana Jones, dans une aventure inédite (qui n'a rien à envier aux films d'un point de vue du scénario, croyez-moi sur parole), Indiana Jones and the Fate of Atlantis :
Je n'ai utilisé que des jeux du studio LucasArts pour illustrer mes propos, mais ils ne sont fort heureusement pas les seuls à avoir utiliser le MT-32 pour sonoriser leurs jeux. D'autres studios tout aussi mythiques tels que Sierra (les séries des King's Quest, des Leisure Suit Larry ou encore des Space Quest par exemple), Cryo (Dune), et bien d'autres ont également proposé de profiter pleinement de son MT-32 avec leurs jeux. Une liste assez complète de tous les jeux compatibles est disponible sur Vogons Wiki ou sur Wikipédia, mais celle-ci me semble nettement moins fiable.
La standardisation de la norme MIDI en General MIDI en 1991, et la sortie de nouveaux appareils répondant à cette norme a sonné la fin de la récréation pour le MT-32 qui pu enfin prendre une retraite bien méritée, non sans avoir encore été supporté dans pas mal de jeux sorti après 1991.
Roland a très bien compris l'intérêt de proposer des appareils clairement destinés aux ordinateurs plutôt qu'aux instruments de musique, et a sorti en 1989 une version plus simpliste du MT-32, le CM-32L :
ainsi qu'une carte au format ISA 8bit la même année, la LAPC-1 :
Particularité de cette dernière, elle intégrait également une interface MPU-401 permettant d'y brancher d'autres périphériques MIDI. Malheureusement, les prix demandés pour cette carte à l'heure actuelle sont tout bonnement délirants, et je ne l'ai pas dans ma collection. Mais je dispose fort heureusement de 2 MT-32, et d'un CM-32L, ceux-ci étant encore relativement abordable :
Un de mes MT-32 en pleine action sur un 486DX2-66 (Jeu mystère que je vous présenterai dans la section dédiée un de ces jours...) :
Si d'aventure vous vouliez profiter de vieux jeux avec une bande-son exceptionnelle, il n'est toutefois pas nécessaire de se ruiner en achetant ce type d'appareil. Le monde de l'émulation fait des merveilles avec des programmes comme ScummVM, ou même des forks de DOSBox comme DOSBox-X, voire 86Box que je vous ai présenté dans la section Émulation. Il est cependant nécessaire de leur fournir les ROM adéquates directement dumpées d'un MT-32 ou d'un CM-32L. Puis il y a un projet Open Source sur GitHub, mt32-pi, qui permet de faire tourner un MT-32 sur Raspberry Pi via l'adjonction d'un HAT. Et des ingénieurs géniaux comme mon copain Serge de chez Serdaco proposent directement à la vente des petits appareils basés sur mt32-pi justement, le MP32L qui est une version externe, ainsi que le WP32 McCake qui est une version carte fille qui s'insère directement sur le connecteur Wavetable d'une carte son. Et chacun dispose d'un écran OLED, soit sur le boîtier pour le MP32L, soit via une baie 3.5" ou 5.25" pour le WP32 McCake afin d'avoir la joie de disposer du panneau d'affichage, comme sur un vrai MT-32. Ils disposent également d'autres fonctions, mais on en reparlera plus tard dans un topic de présentation.
Maintenant, ressortez vos vieilles disquettes ou CD-ROM, récupérez les fichiers nécessaires tel que documenté par ScummVM, installer celui-ci, et profitez à fond des années 90 sur vos machines de bourgeois (sérieux quoi ! un i9-13900K et je fais tourner dessus des jeux qui demandaient un 386 à l'époque )